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Par la communauté / Psychologie

La Théorie du Bonheur de la Savane

Les personnes très intelligentes se porteraient mieux sans amis. Effectivement, c’est ce qui ressort d’une étude publiée dans le British Journal of Psychology qui introduit des notions de l’évolution pour apprécier le bien-être subjectif. En gros, savoir si on est heureux ou pas.

Pour essayer de comprendre tout cela, il faudrait remonter à nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. Afin de comparer leur vie à celle d’aujourd’hui, deux paramètres ont été pris en compte : la densité de la population, et les relations sociales et leur fréquence.

Quelles répercussions auraient donc ces deux paramètres sur notre bonheur ?

Rappelons d’abord, que nos ancêtres vivaient, d’une part, en petits groupes d’environ 150 individus. D’autre part, leur survie était étroitement liée à l’entraide entre les individus d’un même groupe, dans leur vie de tous les jours.

Les grandes villes rendent malheureux ?

Il existe aux USA, un indicateur du bonheur en fonction de la densité de la population (urban-rural happiness gradient). En l’analysant, on découvre que les gens qui habitent à la campagne sont plus heureux que ceux qui habitent dans les petites villes, qui eux sont plus heureux que ceux qui habitent dans les grandes villes.

« Urban-rural happiness gradient » en fonction de la taille de différents lieux de vie.

Quand la densité de la population augmente (par exemple dans les grandes villes), la coopération entre tous les individus devient difficile. Notre cerveau alors ne se sentirait plus à l’aise dans un tel environnement. Conséquence ? Notre bien-être subjectif, c’est à dire notre bonheur, diminue.

Notre cerveau gère mal les relations sociales anonymes

D’autre part, il aurait été démontré que plus on a de relations amicales, plus on est heureux. Comme dit le proverbe suédois : « un chagrin partagé diminue de moitié, une joie partagée augmente du double« . Évidemment, la qualité est à privilégier à la quantité.

Cette facette de l’étude essaie de démontrer pourquoi, dans des expériences type « Dilemme du Prisonnier« , les joueurs ne décident que rarement d’une bonne solution. La théorie de la Savane suggère que notre cerveau aurait beaucoup de mal à gérer des relations sociales anonymes, comme celles que nous vivons au quotidien (dans les transports en commun, dans la rue, etc.).

Nos ancêtres, eux, avaient plutôt des contacts répétés avec des membres de leur groupe qu’ils connaissaient. Aujourd’hui, nos relations sociales s’éloignent de ce modèle.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

La vie moderne connaît des densités de populations beaucoup plus élevées, et les individus ne risquent pas de voir leur survie menacée s’ils n’ont pas d’amis. Les gens aujourd’hui, peuvent se nourrir, être en sécurité et se reproduire sans la nécessité d’avoir des relations sociales étroites et fréquentes.

L’intelligence conditionne notre accès au bonheur

Une troisième partie de l’étude implique une troisième variable : l’intelligence des individus (basée sur un score de QI). Est-ce qu’une personne intelligente vit les variations de densité de population, et ses relations sociales, de la même manière qu’une personne moins intelligente ?

La théorie de la Savane explique que les personnes les moins intelligentes seraient moins capables de s’adapter à l’évolution de l’environnement, comme l’absence d’amis proches. De même, l’augmentation de la densité de la population a un impact négatif sur leur bien-être. Un peu comme si elles restaient coincées dans le vieux modèle de vie mené par ces chasseurs-cueilleurs et refusaient [consciemment ou inconsciemment] le nouveau modèle de vie des grandes agglomérations et de l’individualisme de nos sociétés modernes.

Par contre, les personnes plus intelligentes, auraient la faculté de s’adapter à leur nouvel environnement. Ainsi, l’augmentation de la densité de la population ou l’absence d’amis, n’auraient pas d’impact significatif sur leur bien-être subjectif. Au contraire, pour ce qui est des relations sociales, l’entraide pour obtenir sa nourriture ou garantir sa sécurité n’étant plus nécessaire, ces personnes ne trouveraient plus d’intérêt vital à avoir d’amis.

La Théorie du Bonheur de la Savane suggère donc que notre bonheur est influencé non seulement par les situations de la vie et l’environnement actuel, mais aussi par ceux de nos ancêtres.

Oubliez donc l’excuse « J’ai piscine ». La prochaine fois que vous voulez refuser une rencontre sociale, répondez poliment « Désolé-e, je suis trop intelligent-e ! ».

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