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Découvrir l'Histoire / Par la communauté

Que dénonce le célèbre « J’accuse » d’Émile Zola ?

Le 13 janvier 1898, l’écrivain et journaliste Émile Zola publie dans le journal L’Aurore une lettre ouverte au président de la République (Félix Faure). Son fameux « J’accuse », dont les conséquences auraient pu lui coûter la vie… Alors pourquoi l’a-t-il publié et qu’accuse-t-il vraiment ?

Le déclenchement ? Un scandale judiciaire, celui de l’affaire Dreyfus

Tout commence par une affaire d’espionnage : un document est intercepté par le service des renseignements français, et prouve qu’un officier trahit son pays en donnant des informations à l’Allemagne.

Une enquête est alors ouverte pour trouver le coupable, et très vite, les soupçons vont vers un officier juif, Alfred Dreyfus. On l’interroge très rapidement, les conclusions des experts sont légères et contradictoire, mais tant pis : Dreyfus est désigné coupable.

Son procès s’ouvre le 19 décembre 1894, l’officier Dreyfus est jugé comme un traitre. Il est alors condamné à la déportation à vie (c’est-à-dire qu’il n’a plus aucun droit sur le sol français, on l’exile donc dans un bagne en Guyane où il devra exécuter des travaux forcés). Mais, pour rendre le truc encore plus glauque, avant son départ, Dreyfus devra subir le déshonneur suprême : la dégradation en public. Il est alors humilié publiquement par la Garde républicaine qui lui arrache son uniforme avec un sabre. Vicieux comme châtiment.

Et Zola, n’a pas pu supporté cela…

« Tu ne sais pas ce que j’ai fait ? Un article, écrit en coup de foudre, sur l’affaire Dreyfus. J’étais hanté, je n’en dormais plus, il a fallu que je me soulage. Je trouvais lâche de me taire. Tant pis pour les conséquences, je suis assez fort, je brave tout ! » – écrit Zola à sa femme en novembre 1897.

Ce fameux 13 janvier 1898, les vendeurs de journaux distribuent dans Paris  300 000 numéros de L’Aurore où figure l’article de Zola. L’article est provocateur : six colonnes en première page qui rappellent les faits. Mais Zola va plus loin : il dévoile l’identité du véritable coupable (identifié quelques mois après, mais gardé sous silence). Il s’agit du commandant Esterhazy.

C’est à ce moment là que commence la longue anaphore des « J’accuse ». Zola dénonce tout le système qui a conduit à condamné un homme innocent. En révoquant tout cela, Zola a conscience des poursuites qu’il risque, mais il a surtout espoir qu’un nouveau procès rouvrira pour innocenter Alfred Dreyfus.

À son tour, Zola se fait passer les menottes…

Il l’avait prévu, et il y a eu droit. Zola est traduit en justice en février 1898 pour diffamation, par le ministre de la Guerre. Mais son combat continue. Publiquement, il déclare : « Dreyfus est innocent, je le jure ! J’y engage ma vie, j’y engage mon honneur… »

Malgré son beau discours, le verdict tombe : Zola est condamné à la peine maximale, à savoir un an de prison ferme et à 3 000 F d’amende. Il s’exile alors à Londres pour échapper à son emprisonnement.

Mais, très vite, l’affaire prend de l’ampleur et une grande partie de l’opinion publique soutient Zola.

L’affaire Dreyfus a divisé Paris en deux…

De nombreux hommes politiques, intellectuels de l’époque ont lancé la « Pétition des intellectuels » (en toute modestie) pour montrer leur soutien à l’écrivain. On les appelle les dreyfusards. Comme Zola, ils dénoncent l’injustice faite à Dreyfus et la protection du véritable coupable, par honneur militaire.

De l’autre côté, il y a les antidreyfusards c’est-à-dire la bourgeoisie parisienne qui n’éprouve aucun scrupule à condamner un innocent, car à leurs yeux, l’Armée est toute puissante et ne peut se tromper.

Comment ça s’est fini cette histoire ?

Il aura fallu attendre le mois d’août 1898 pour que la vérité éclate. On découvre alors que le commandant Henry, membre du service de renseignements, a fabriqué de fausses preuves pour désigner Dreyfus comme traître, et ainsi protéger son ami. Ce méchant Henry sera alors aussitôt emprisonné et se tranchera lui-même la gorge en prison.

Quant à Dreyfus, il sera définitivement innocenté en juillet 1906, et promu chevalier de la Légion d’honneur quelques semaines après.

Concernant Zola, il s’est retrouvé un peu ruiné à cause de son exil et de ses amendes, mais fier d’avoir réussi et rassemblé autour de son combat, au nom de la vérité et de la justice.

En savoir plus…

Le livre J’accuse ! de Zola retrace tous les évènements de cette période, allant du procès de Dreyfus à celui de Zola, jusqu’à ce que la vérité de l’affaire éclate au grand jour.

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