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Mentalisme

Le syndrome de Gröger : convaincre votre interlocuteur lorsque vous êtes à court d’arguments

On a tous voulu, un jour, avoir le mot de la fin dans une conversation. Clore le débat et clouer le bec à notre interlocuteur avec des arguments incontestables. Alors, parfois on réussit et on en est fier, mais il arrive aussi que notre argumentaire soit un peu fébrile, voire inexistant… Et là, ça devient plus compliqué.

On s’embourbe, on dit n’importe quoi et on passe pour un gros débile. Alors si c’est votre cas un peu trop souvent, rassurez-vous, on a la solution pour vous : il suffit de manipuler votre interlocuteur avec le syndrome de Gröger. 

Le syndrome de Gröger, c’est quoi ?

Le syndrome de Gröger est un simple effet psychologique, qui peut vous sauvez la vie si votre argumentation flanche un peu. Sa découverte n’a pas été datée précisément, mais il est clair qu’il remonte aux années 50, juste après guerre. Pourquoi l’après-guerre ?

C’est à partir des années 50 que la science a commencé à prendre une place importante dans la vie de « monsieur Tout-le-monde », en tous cas dans les pays occidentaux.

Les premières expériences psychologiques rendues publiques ont eu lieu dans les années 50 à 60 : Asch, Milgram, Paul Ekman avec sa théorie des micro-expressions et j’en passe.

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Pour « Monsieur Tout-le-monde », la science a toujours eu raison : le syndrome de Gröger consiste à croire et à assimiler tout ce qui se rapproche d’une vérité scientifique parce que celle-ci a été nommée, énoncée et illustrée comme telle.

Autrement dit, pour faire admettre un fait, une théorie, une idée, un argument à une personne un peu crédule, il suffit bien souvent d’envelopper vos arguments dans un papier-cadeau « scientifique » en utilisant des mots comme « théorie de », « règle de », « loi de »… puis de donner quelques exemples concrets qui justifient votre théorie.

Vous connaissez la loi de Murphy ? Elle s’énonce de cette façon : « si quelque chose « peut » mal tourner, alors cette chose finira « infailliblement » par mal tourner ».

L’exemple le plus récurent est celui de la file d’attente : si l’on se trouve dans une file d’attente quelconque, située entre deux autres files, il y a de grandes chances pour que les autres files avancent plus vite que la notre. Et que si l’on change de file, celle que l’on a quittée aille plus vite que celle que l’on vient de rejoindre.

Cet adage de Murphy est devenu une loi parce qu’on lui a donné le nom de « loi ». En réalité, ce n’est qu’une plaisanterie inventée par un capitaine de l’US Army pour humilier un de ses soldats lors d’un entrainement.

Du coup, le syndrome de Gröger que je viens d’inventer à l’instant se justifie de lui même, n’est-ce pas ?

Et pourtant, le syndrome de Gröger en a piégé plus d’un…

Vous pensez que le syndrome de Gröger fonctionne uniquement sur des gens pas très éclairés ? Eh bien c’est faux. Et c’est bien ce qu’a démontré l’étude du Dr Fox.

L’effet Dr Fox

Dans les années 70 aux États-Unis, une expérience a été réalisée pour démontrer que l’évaluation du professeur dépend beaucoup plus de sa personnalité que du contenu du cours qu’il récite. Pour faire court : on aurait tous tendance à croire qu’en matière d’éducation et de savoir que l’habit fait le moine.

Pour démontrer cela, l’expérience consistait à annoncer à des étudiants thésards qu’une conférence serait tenue par le célèbre mathématicien « Dr. Myron L. Fox ».

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Les étudiants se sont donc précipités pour écouter le spécialiste, et ont tous eu un retour très positif sur la qualité de la conférence.

Et pourtant… Ce fameux Dr Fox n’était qu’un acteur ! Oui, un acteur qui a bien appris son texte truffé de jargon mathématique qu’il ne comprenait pas lui-même.

Mais comment des thésards ont bien pu se faire avoir ?

C’est simple, d’abord, parce que le Dr Fox a été présenté comme brillant dans son domaine. De plus, le titre de « docteur » impose respect, autorité et confiance. Et on a plus tendance à croire sans douter un docteur qu’un boucher par exemple, alors que c’est totalement idiot.

Ensuite, il a juste suffit que l’acteur récite son texte avec conviction et autorité pour remporter l’adhésion des étudiants.

Des formules toutes faites, enrobées de mots scientifiques difficiles à prononcer mais qui font très savants, une prestance et une éloquence irréprochables… Et le tour est joué. Les étudiants n’ont à aucun moment remis en doute la parole du faux Dr Fox, et ont même complètement adhéré aux propos alors qu’il s’agissait d’un canular.

Pour finir…

Si le syndrome de Gröger ça a fonctionné sur des centaines de thésards, nul doute que vous puissiez aussi faire des ravages autour de vous.

Et même si vous ne l’appliquez pas, au moins maintenant vous êtes prévenus, et vous saurez décrypter les futurs Dr Fox autour de vous.

81 Commentaires

  • Mathias
    4 octobre 2019 à 6 h 32 min

    Euh, c’est une blague ton article ?

    Je condamne ça ! C’est pas des manières. 😉

    • Felix Boussa
      4 octobre 2019 à 14 h 46 min

      Excuse moi Mathias, ton commentaire était jugé comme indésirable par WordPress, je viens juste de le voir….
      Qu’est-ce que tu condamnes ? Tu t’es fait avoir ? 🙂

  • Mathias
    7 mai 2011 à 16 h 38 min

    Euh, c’est une blague ton article ?

    Je condamne ça ! C’est pas des manières. 😉

    • Felix Boussa
      18 mai 2011 à 16 h 29 min

      Excuse moi Mathias, ton commentaire était jugé comme indésirable par WordPress, je viens juste de le voir….
      Qu’est-ce que tu condamnes ? Tu t’es fait avoir ? 🙂

  • Arthur
    4 octobre 2019 à 6 h 32 min

    Bien joué cet article !

  • Arthur
    8 mai 2011 à 13 h 14 min

    Bien joué cet article !

  • Jonathan
    4 octobre 2019 à 6 h 32 min

    Bonjour, à vrai dire, je n’ai pas très bien compris :s Auriez-vous des exemple peut-être plus « concrets » ? S’il vous plaît, ou une autre explication ?

    • Felix Boussa
      4 octobre 2019 à 14 h 46 min

      Bonsoir Jonathan,

      Le syndrome de Gröger n’existe pas. J’illustre simplement le fait qu’en appelant quelque chose « syndrome de », « règle de » ou « loi de », cette chose devient vrai pour la plupart des gens.

  • Jonathan
    8 mai 2011 à 19 h 46 min

    Bonjour, à vrai dire, je n’ai pas très bien compris :s Auriez-vous des exemple peut-être plus « concrets » ? S’il vous plaît, ou une autre explication ?

    • Felix Boussa
      8 mai 2011 à 21 h 09 min

      Bonsoir Jonathan,

      Le syndrome de Gröger n’existe pas. J’illustre simplement le fait qu’en appelant quelque chose « syndrome de », « règle de » ou « loi de », cette chose devient vrai pour la plupart des gens.

  • Nementon
    4 octobre 2019 à 7 h 01 min

    Mouhahaha, mais du coups, cette « effet » pour ne pas dire syndrome, à t-il un nom qui le définie ?

  • Nementon
    13 mai 2011 à 0 h 01 min

    Mouhahaha, mais du coups, cette « effet » pour ne pas dire syndrome, à t-il un nom qui le définie ?

  • Romain (Décodeur)
    4 octobre 2019 à 6 h 32 min

    Excellent Felix. J’étais déjà en train de googler le « Syndrome de Gröger » ne l’ayant jamais entendu avant. 🙂 Il est clair que d’employer des expressions telles que « Des études scientifiques ont montré que… » ou « Selon des scientifiques,… », les propos suivants ces expressions ont plus de crédibilité. Un principe d’autorité caché ?
    D’ailleurs, tu appelles cela le syndrome de Gröger, peut-être existe t-il effectivement un mot pour expliquer le fait de croire plus facilement des propos justifiés par la science (même s’ils sont faux) ?

    • Felix Boussa
      4 octobre 2019 à 14 h 46 min

      Bonjour Romain !

      Réponse à Nementon par la même occasion : je pense qu’on peut appeler ça de la crédulité, je ne vois pas d’autres mots qui vont bien pour parler de ce faux syndrome !

  • Romain (Décodeur)
    13 mai 2011 à 9 h 55 min

    Excellent Felix. J’étais déjà en train de googler le « Syndrome de Gröger » ne l’ayant jamais entendu avant. 🙂 Il est clair que d’employer des expressions telles que « Des études scientifiques ont montré que… » ou « Selon des scientifiques,… », les propos suivants ces expressions ont plus de crédibilité. Un principe d’autorité caché ?
    D’ailleurs, tu appelles cela le syndrome de Gröger, peut-être existe t-il effectivement un mot pour expliquer le fait de croire plus facilement des propos justifiés par la science (même s’ils sont faux) ?

    • Felix Boussa
      13 mai 2011 à 17 h 53 min

      Bonjour Romain !

      Réponse à Nementon par la même occasion : je pense qu’on peut appeler ça de la crédulité, je ne vois pas d’autres mots qui vont bien pour parler de ce faux syndrome !

  • Julien Wing
    4 octobre 2019 à 6 h 32 min

    J’adore les articles qui finissent comme celui-ci.

    Très bon article, je crois également que les statistiques et les pourcentages sont très intéressantes à utiliser.

    D’où vient cette tendance à croire tout ce qui est scientifiquement « prouvé » ou parfois scientifiquement payé? (éducation?)

    Bonne continuation

    Julien

    • Felix Boussa
      4 octobre 2019 à 14 h 46 min

      Bonjour Julien,

      La science n’a jamais été démystifiée pour les masses. Les mathématiques, la biologie, la chimie, la physique… toutes ces choses sont (et resteront) sombres pour une grande partie de la population. Sombres mais véridiques, puisqu’on dit toujours que ce qui est scientifiquement prouvé est vrai. Personne n’ose remettre en question la science, et personne ne pense à remettre en question un argument scientifique fallacieux lors d’une discussion. Toutes ces habitudes poussent les gens à croire n’importe quelles données.

      C’est donc, de mon point de vue, une question d’éducation. Pas l’éducation de l’école, mais l’éducation à l’échelle de la société. Un conditionnement social depuis toujours. Pour s’en sortir, une seule solution (comme toujours) : s’élever plus haut que la masse et découvrir la science soi-même.

  • Julien Wing
    15 mai 2011 à 18 h 11 min

    J’adore les articles qui finissent comme celui-ci.

    Très bon article, je crois également que les statistiques et les pourcentages sont très intéressantes à utiliser.

    D’où vient cette tendance à croire tout ce qui est scientifiquement « prouvé » ou parfois scientifiquement payé? (éducation?)

    Bonne continuation

    Julien

    • Felix Boussa
      15 mai 2011 à 19 h 19 min

      Bonjour Julien,

      La science n’a jamais été démystifiée pour les masses. Les mathématiques, la biologie, la chimie, la physique… toutes ces choses sont (et resteront) sombres pour une grande partie de la population. Sombres mais véridiques, puisqu’on dit toujours que ce qui est scientifiquement prouvé est vrai. Personne n’ose remettre en question la science, et personne ne pense à remettre en question un argument scientifique fallacieux lors d’une discussion. Toutes ces habitudes poussent les gens à croire n’importe quelles données.

      C’est donc, de mon point de vue, une question d’éducation. Pas l’éducation de l’école, mais l’éducation à l’échelle de la société. Un conditionnement social depuis toujours. Pour s’en sortir, une seule solution (comme toujours) : s’élever plus haut que la masse et découvrir la science soi-même.

  • Kevin
    19 mai 2011 à 4 h 43 min

    Que c pathetique …… Cela me rappel de l’adulte qui posant une  » colle a un innocent enfant  » s’attribuant indirectement mais aux yeux de l’enfant les merites de laisser la reflexion se poser …. Dit alors a l’enfant ; qui esce qui est venu avant ? L’oeuf ? Ou la poule ??? Caressant ensuite devant l’enfant agard sa tete de gauche vers la droite comme ci il voulais dire tkt ! Un jour tu s’aura !!! Alors que le pauvre idiot ne sais meme pas lui meme … Quel vertu felix !! Bravo ….

  • Kevin
    19 mai 2011 à 4 h 54 min

    La science !!! Elle valide des theorie , cree des lois , pour ensuite afirmer d’autres aberation fixee et baser sur ces lois sordides qui on ete approuver par sois disant le grand nombre des plus reconnu tant l’etre humain preocuper par sa sois disant faculter de reflechir , intelligent et a s’adapter aux evenement tent de trouver l’equation de ce qu’il est alors il regarde les etoile , sonde les mers reve de theorie ! Alors que ces calcule sont en constante evolution et contrevers les pensee les ideaux et parfois meme l’utopie des plus fou !!!

    • Felix Boussa
      19 mai 2011 à 20 h 02 min

      Pardonnez-moi Kevin mais… je n’ai pas su décrypter vos messages.

    • Nementon
      20 mai 2011 à 2 h 30 min

      Oui, il est bien difficile de voir autre choses que le reflet des flammes qui se font passer pour la lumière du jour depuis le fond de notre pauvre grotte.

      Tout cela c’est la faute à notre hémisphère gauche, toujours à vouloir rationaliser l’absurde quitte à inventer ce qui n’existe pas en déniant la réalité, implacable dictateur ne laissant aucuns répits à la folie de notre hémisphère droit ;p

  • Alain Didier
    4 octobre 2019 à 6 h 32 min

    Il y a un autre truc qui marche dans ce domaine,ce sont les textes genre: »Un homme heureux doit vivre aujourd’hui ».il suffit de dire que c’est de voltaire et on aura tt de suite l’air d’un érudit.Je sait d’ailleurs par expérience qu’il est très facile de passer pour plus cultivé qu’on ne l’est vraiment.mais cependant ou est la frontière entre un manipulateur qui vise un objectif en usant de tous les stratagèmes nécessaires et le menteur de base qui veut passer pour un génie?

    • Felix Boussa
      4 octobre 2019 à 14 h 46 min

      Bonjour Alain,

      Clairement, tout dépend du contexte. Mentir pour cacher une culture lacunaire n’avance à rien. Mentir pour faire preuve d’autorité dans le cadre d’un exercice ou d’un désir fort permet de comprendre tout un tas de mécanismes sociaux et d’en profiter pour réussir. « Réussir », tout est relatif bien sûr.

  • Alain Didier
    20 mai 2011 à 12 h 00 min

    Il y a un autre truc qui marche dans ce domaine,ce sont les textes genre: »Un homme heureux doit vivre aujourd’hui ».il suffit de dire que c’est de voltaire et on aura tt de suite l’air d’un érudit.Je sait d’ailleurs par expérience qu’il est très facile de passer pour plus cultivé qu’on ne l’est vraiment.mais cependant ou est la frontière entre un manipulateur qui vise un objectif en usant de tous les stratagèmes nécessaires et le menteur de base qui veut passer pour un génie?

    • Felix Boussa
      20 mai 2011 à 18 h 47 min

      Bonjour Alain,

      Clairement, tout dépend du contexte. Mentir pour cacher une culture lacunaire n’avance à rien. Mentir pour faire preuve d’autorité dans le cadre d’un exercice ou d’un désir fort permet de comprendre tout un tas de mécanismes sociaux et d’en profiter pour réussir. « Réussir », tout est relatif bien sûr.

  • aimenos
    4 octobre 2019 à 6 h 33 min

    Bravo! Vraiment Bravo !
    J’avais même pas compris que ton article était un stratagème avant de lire les commentaire des autre. Houa je croit que je vais lire un max de tes articles sa fait réfléchir et sa nous fait voir les chose autrement.

  • aimenos
    25 mai 2011 à 0 h 06 min

    Bravo! Vraiment Bravo !
    J’avais même pas compris que ton article était un stratagème avant de lire les commentaire des autre. Houa je croit que je vais lire un max de tes articles sa fait réfléchir et sa nous fait voir les chose autrement.

  • Jess
    4 octobre 2019 à 7 h 01 min

    Salut, Très bon article :), j’ai juste une question ôu à tu été chercher le nom de Gröger ? et cette plaisanterie inventée par un capitaine de l’US Army a-t-elle réelement existé ?

    Cordialement 🙂

    • Felix Boussa
      4 octobre 2019 à 14 h 46 min

      Hello Jess !

      J’ai choisi un nom imaginaire qui pouvait être un nom de famille. Le choix de l’accent n’est pas anodin, j’ai voulu donner au mot une dimension très concrète avec un tréma, accent qui est généralement peu usité. C’est toujours pareil : les mensonges les plus gros sont ceux qui fonctionnent le mieux. Un nom avec un tréma, on n’en croise jamais. Pourquoi inventer un faux nom écrit si bizarrement ? Parce que justement, il sonnera d’autant plus véridique.

      Pour l’anecdote de Murfy, c’est bien réel ! La loi de Murphy est une loi empirique très célèbre, et son histoire est bien celle que j’ai raconté dans l’article. 🙂

      Merci encore Jess, de tes commentaires et de ton assiduité.
      Bien amicalement, Félix

  • Jess
    26 mai 2011 à 23 h 12 min

    Salut, Très bon article :), j’ai juste une question ôu à tu été chercher le nom de Gröger ? et cette plaisanterie inventée par un capitaine de l’US Army a-t-elle réelement existé ?

    Cordialement 🙂

    • Felix Boussa
      28 mai 2011 à 17 h 35 min

      Hello Jess !

      J’ai choisi un nom imaginaire qui pouvait être un nom de famille. Le choix de l’accent n’est pas anodin, j’ai voulu donner au mot une dimension très concrète avec un tréma, accent qui est généralement peu usité. C’est toujours pareil : les mensonges les plus gros sont ceux qui fonctionnent le mieux. Un nom avec un tréma, on n’en croise jamais. Pourquoi inventer un faux nom écrit si bizarrement ? Parce que justement, il sonnera d’autant plus véridique.

      Pour l’anecdote de Murfy, c’est bien réel ! La loi de Murphy est une loi empirique très célèbre, et son histoire est bien celle que j’ai raconté dans l’article. 🙂

      Merci encore Jess, de tes commentaires et de ton assiduité.
      Bien amicalement, Félix

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