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Philosophie

Comprendre Nietzsche : ses 5 grandes idées, expliquées simplement

Quand on cherche à comprendre Nietzsche, il y a des mots qui reviennent souvent : « surhomme », « volonté de puissance », « éternel retour », « amor fati »… et j’en passe.

Ces concepts peuvent sembler difficiles au premier abord, car la philosophie de Nietzsche n’est pas des plus accessibles. Mais rassurez-vous, il n’y a rien d’insurmontable ! Alors voyons tout cela ensemble !

1) Le surhomme : la base pour comprendre Nietzsche

Pour bien comprendre Nietzsche, il faut absolument comprendre le concept de surhomme.

Nietzsche, qui a grandi dans une famille très religieuse et qui était lui-même destiné à être pasteur, s’est violemment retourné contre la religion au point d’affirmer que « Dieu est mort ».

Nietzsche à ses 17 ans.
Nietzsche à ses 17 ans, en 1861

Pourquoi ? Car selon lui, la religion emprisonne l’homme. Elle nie la vie, elle empêche l’homme de s’épanouir pleinement et de se créer la vie dont il rêve. J’ai écrit un article « Dieu est mort : pourquoi Nietzsche a dit ça ? » qui explique tout cela (n’hésitez pas à aller le lire pour comprendre toutes les conséquences de la mort de Dieu sur la vie des hommes avant de poursuivre celui-ci).

« La notion de « Dieu » a été inventée comme antithèse de la vie. »

Nietzsche, Ecce homo.

Nietzsche s’est battu toute sa vie pour transformer les hommes, pour les rendre forts, libres et heureux. Ainsi pour Nietzsche, le surhomme est l’homme nouveau. Celui qui a survécu à la mort de Dieu, sans succomber au nihilisme (idéologie qui refuse toute croyance), ni sombrer dans le chaos.

Le surhomme, c’est l’homme qui a su se libérer des croyances de la religion et de sa morale, pour se construire ses propres lois, ses propres valeurs. Le surhomme n’est pas soumis, il n’est pas la marionnette d’un Dieu : il est son propre Dieu. Il sait qu’il est le seul maître de son destin et qu’il n’a pas besoin d’un guide pour surmonter le lourd poids de son existence. Le surhomme a compris qu’il est responsable de sa vie et de son bonheur. Avec force et courage, il se crée la vie dont il rêve.

2) La volonté de puissance

La volonté de puissance, c’est l’étape suivante si vous voulez comprendre Nietzsche. Selon lui, chaque homme est animé par une force, une sorte de pulsion qui contrôle nos vies, nos actions, nos sentiments. Le rôle de la volonté de puissance, c’est de hiérarchiser tout cela pour de ne pas succomber aux passions tristes, et pour être toujours du côté de la vie.

« Là où la volonté de puissance fait défaut, il y a déclin. »

Nietzsche, L’Antéchrist

Selon Nietzsche, en chaque homme sommeille une volonté de puissance. Seulement, certains en sont dotés plus que d’autres.

Ainsi, la volonté de puissance est la qualité n°1 du surhomme. C’est grâce à sa volonté de puissance débordante que le surhomme a chaque jour la force de se dépasser, de lutter contre ses passions tristes pour devenir la meilleure version de lui-même.

3) L’amor fati

Il s’agit également d’une qualité du surhomme.

L’amor fati signifie « amour du destin » en latin, et il consiste à adopter une attitude d’amour et d’affirmation à l’égard de la vie. Il s’agit d’aimer sa vie dans la globalité et d’en accepter sa réalité, qu’elle soit lumineuse ou semée d’embûches.

« Ma formule pour ce qu’il y a de grand dans l’homme est amor fati : ne rien vouloir d’autre que ce qui est, ni devant soi, ni derrière soi, ni dans les siècles des siècles. Ne pas se contenter de supporter l’inéluctable, et encore moins se le dissimuler – tout idéalisme est une manière de se mentir devant l’inéluctable, mais l’aimer. »

Nietzsche, Ecce homo

À travers ce concept, Nietzsche nous invite à aimer notre vie dans les bons mais aussi dans les mauvais moments. Il nous invite à garder une foi inébranlable en la vie mais aussi en nos capacités à accepter et surmonter l’insurmontable. Le surhomme est celui qui aime sa vie car il sait qu’au fond de lui, se cache la force et toutes les ressources nécessaires pour surmonter les drames. Tout comme il sait accueillir avec gratitude et bienveillance les joies et le bonheur.

4) L’éternel retour

Dans son livre Le Gai Savoir, Nietzsche imagine qu’un démon nous jette un sort qui s’appelle « l’Eternel retour ». Ce sort serait de revivre à l’infini les moments les plus heureux de notre vie, les joies les plus grandes, mais aussi nos tristesses, nos malheurs, nos peines, nos souffrances…

Le but de cette expérience de pensée est de savoir quelle serait notre réaction face à cette épreuve. Selon Nietzsche, deux comportements sont envisageables : il y a d’un côté ceux qui prendront cette annonce comme une malédiction ; et de l’autre côté, ceux qui recevront cette nouvelle avec joie, comme s’il s’agissait d’une bénédiction.

« Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait :
« Cette vie, telle que tu la vis et l’as vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois ; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. L’éternel sablier de l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des poussières ! »

Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le démon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vécu une fois un instant formidable où tu lui répondrais : « Tu es un dieu et jamais je n’entendis rien de plus divin ! » Si cette pensée s’emparait de toi, elle te métamorphoserait, toi, tel que tu es, et, peut-être, t’écraserait ; la question, posée à propos de tout et de chaque chose, « veux-tu ceci encore une fois et encore d’innombrables fois ? » ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd ! Oui, combien te faudrait-il aimer et toi-même et la vie pour ne plus aspirer à rien d’autre qu’à donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et éternel ? »

Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, §341.

Cette expérience de pensée est donc un test pour voir si nous sommes ou non du côté de l’amor fati, si notre attitude devant la vie est positive à la manière d’un surhomme, ou plutôt négative à l’image d’un esclave.

Le surhomme est maître de sa vie, maître de ses choix et que de ce fait, il prend les bonnes décisions pour lui. Et même quand la vie lui joue des tours et que les malheurs surviennent, le surhomme est dans l’acceptation. Toujours du côté de la vie, il a confiance en lui, en ses capacités à tout surmonter. L’épreuve de l’éternel retour ne sera donc pas un supplice pour lui mais bel et bien une bénédiction.

La morale de l’histoire ? Vous devez créer dès maintenant la vie que vous aimeriez revivre infiniment, être responsable face à chaque choix qui s’impose à vous, et les aimer comme s’ils devaient se répéter.

5) Renversement des valeurs

Ce concept fait écho à la critique que Nietzsche fait de la religion.

Concrètement, si Nietzsche est si hostile à la religion catholique, c’est parce qu’il trouve que la morale qu’elle renvoie est affreusement nuisible et dangereuse pour l’homme.

Pour tout vous dire, Nietzsche voit dans la religion une extrême négation de la vie, qu’il appelle aussi le nihilisme.

« La notion de « Dieu » a été inventée comme antithèse de la vie ! En elle se résume, en une unité épouvantable, tout ce qui est nuisible, vénéneux, calomniateur, toute haine de la vie. »

Friedrich Nietzsche, Ecce homo, « Pourquoi je suis un destin » (1888)

Pourquoi ?

1) Parce qu’il considère que la religion dévalorise la vie et le monde réel au profit d’un « arrière-monde » imaginaire, à savoir : le paradis.

➡️ Résultat : les hommes ne vivent plus leur vie ici-bas, ils souffrent et se résignent à attendre le bonheur dans un au-delà qui pour Nietzsche n’est que fiction.

2) Parce que la religion réprime les plaisirs de la vie (désirs, passions, bonheur) et va même jusqu’à faire l’éloge de la faiblesse, des pauvres et des malades.

➡️ Résultat : la faiblesse est mieux perçue que la force, mieux vue que la vitalité. La religion réprime les forts, ceux qui veulent s’affranchir, prendre leur vie en main et vivre heureux. Le modèle que la religion nous invite à imiter, c’est la vie du Christ, une vie pleine de souffrance.

Ainsi, c’est pour cela que Nietzsche parle de renversement des valeurs, car selon lui, notre société est malade, car elle est en majorité composée d’hommes faibles, malheureux et soumis.

Voilà pourquoi Nietzsche, en amoureux de la vie, voulait transformer les hommes en surhommes, afin que les valeurs négatives qui prônent la faiblesse ne régissent pas le monde.

Ce qu’il faut retenir de Nietzsche

Nietzsche n’est pas un philosophe comme les autres. Il a passé sa vie à se battre pour faire entendre sa philosophie. Souvent ignoré, voire rejeté par ses contemporains, il n’avait qu’un seul et unique but : rendre les hommes plus libres et plus heureux.

Il a laissé une marque indélébile dans l’histoire de la philosophie, et il continue à influencer ses lecteurs – vous et moi – depuis sa mort, en 1900.

Un musée pour comprendre Nietzsche et sa philosophie, dans les alpes suisses.
Le musée Nietzsche de Sils-Maria, dans les Alpes suisses. C’est aussi la maison où Nietzsche a passé les 7 dernières années lucides de sa vie (en 1881, et de 1883 à 1888), avant de sombrer dans la folie et de mourir

Quel livre lire en premier pour mieux comprendre Nietzsche ?

J’ai écrit un article qui présente 5 livres incontournables à lire pour bien comprendre l’œuvre de Nietzsche. Vous devriez y jeter un coup d’œil, si vous avez envie d’approfondir !

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